Située quasiment à l’opposé de la France métropolitaine sur un planisphère, la Tasmanie constitue le plus petit état du commonwealth d’Australie. Située au Sud du détroit de Bass, l’île s’est détachée du continent depuis 12 000 ans environs. Sa capitale Hobart est nichée le long de l’estuaire de la Derwent River, sous le regard bienveillant des orgues doléritiques du Mt Wellington/kunanyi (1271m, voire galerie de bas de page).
D’abord peuplée par les Aborigènes pendant des millénaires, la Tasmanie fut colonisée par les Britanniques à partir du 19ème siècle. Plus que les habituels comptoirs de commerce, les premières colonies étaient surtout des camps pénitentiaires où les forçats venus du continent étaient incarcérés, comme à Port-Arthur par exemple. Une identité particulière s’est ainsi forgée sur ces récits et beaucoup de Tasmaniens se considèrent encore aujourd’hui comme des descendants de ces premiers convicts.
La coexistence entre colons européens et indigènes eût des conséquences dramatiques sur la population aborigène originelle. Après seulement trois décennies de conflits plus ou moins ouverts, les autorités coloniales britanniques finirent par déporter la quasi-totalité des Aborigènes de Tasmanie sur l’île secondaire de Flinders. Au final, les épidémies ne laissèrent qu’une poignée de ces premiers Australiens survivants. A l’échelle du pays, la lutte pour les droits des Aborigènes s’est développée à partir des années 60 et de nombreux progrès ont eu lieu depuis.
L’île est restée très sauvage, notamment sur sa moitié occidentale, peu accueillante car exposée directement aux rafales des fameux 40èmes rugissants. Je n’ose pas encore anticiper ce que va donner notre traversée en bateau dans une dizaine de jours, sachant que nous devrons également affronter dans la foulée les cinquantièmes hurlants… La carte des précipitations annuelles des collègues du BoM montre bien la séparation Est/Ouest entre la côte au vent soumise aux grains venant du large qui donnent des cumuls remarquables (localement plus de 3000mm !) et la côte sous le vent bien moins arrosée. Comme à la Réunion ! La comparaison s’arrête là, car au niveau des températures, le mercure n’est pas aussi entreprenant que dans mon péï d’adoption… En effet à Hobart, la minimale moyenne du mois de Juillet glisse sous les 5°C et les maxis dépassent assez rarement les 25°C en Janvier. La météo tasmanienne est changeante, et le passage régulier des fronts froids nés sur l’océan Austral donne souvent l’impression de vivre Four seasons in one day !
Une large partie de la faune et de la flore de Tasmanie est endémique. Parmi les plus emblématiques, citons les pins Huons (avec des individus parmi les plus vieux organismes vivants du monde), le fameux diable de Tasmanie ou encore le thylacine (tigre de Tasmanie) malheureusement éteint aujourd’hui. Pour les mammifères, la mode locale est à la fourrure à poche, collection Automne/Hiver, avec les nombreux marsupiaux qui peuplent ces forêts. Même en centre-ville d’Hobart, il n’est pas rare de croiser des pademelons en fin de soirée ou le matin dans le jardin en train de dévorer les salades… La vie sauvage fait donc partie intégrante de la vie quotidienne en Tasmanie ! C’est un aspect que j’avais personnellement beaucoup apprécié au cours de mes 6 mois « Hobartones« . Pouvoir croiser des wallabies, kookaburra et possums à deux pas de chez soi donne de l’intérêt à n’importe quelle promenade. Quand on voit l’obsession française pour la chasse des « nuisibles » et les difficultés de cohabitations avec la vie sauvage, on se dit qu’il y aurait bien quelques leçons à tirer de l’Aussie way of life.
La Tasmanie compte ainsi de nombreux parcs naturels, dont les magnifiques îles de Bruny, reliées par un fin isthme de sable (The Neck, voir galerie en bas de page). Mais ma préférence personnelle va à l’île Maria, où l’on peut facilement croiser des troupes de Kangourous forestiers, quelques Wombats et, si la chance vous sourit, un des cousins de Taz. Y passer la nuit à la belle étoile au bord de l’Encampment Cove est une expérience inoubliable…
Bruny Island, Huon Valley, D’Entrecasteaux Channel, Recherche bay… Plus qu’ailleurs en Australie, un petit parfum de croissant flotte dans l’air tasmanien. Bien qu’aucune possession française n’ait été officiellement établie au cours de l’histoire, de nombreux lieux répondent à des noms aux accents francophones, qui fleurent bon le camembert et la baguette sortie du four (Veuillez excuser ces divagations culinaires franchouillardes, après seulement 4 jours de confinement en Australie). En effet, sans le nombre d’hommes suffisant pour garder ces terres sous contrôle face aux forces britanniques, les explorateurs français comme Marc-Joseph Marion du Fresne, Huon de Kermadec et Nicolas Baudin ont plutôt choisi de cartographier la région au maximum afin de laisser une marque française, à moindre frais… Baudin a d’ailleurs donné le nom d’un autre explorateur français à une des plus belles régions de Tasmanie : la péninsule de Freycinet où on peut trouver la magnifique Wineglass Bay. Cette dernière tire son nom de l’activité baleinière qui faisait tourner ses eaux au rouge, combinée à la forme caractéristique de la baie qui évoque un verre à vin. Pour la petite histoire, j’ai été domicilié au 15, French Street lors de mon séjour en 2015 : ça ne s’invente pas !
Pour finir, un petit patchwork de quelques photos persos (pas de grande qualité malheureusement, je vais essayer de faire mieux à DDU !). J’espère néanmoins vous faire rêver un petit peu de cette Tasmanie envoûtante car sauvage, avec ses multiples baies, îlots, péninsules et isthmes en tout sens…
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article, Cheers mate !