Mercredi 27 Avril 2022
Il est difficile de croire que le thermomètre indique -18°C en ce milieu d’après-midi. Sans aucun souffle de vent, il ferait presque trop chaud sous les épaisses parkas fournies par l’Institut Polaire. Hier J-P a diffusé la première carte de sécurité banquise de la saison sur l’intranet de la base : les balades sont désormais autorisées au Sud de l’île des Pétrels !
La clémence des conditions du jour nous permet d’apprécier pleinement une belle promenade entre les îles de l’archipel, sans être pressés par le froid. Une cinquantaine de manchots en goguette semblent eux aussi heureux de pouvoir profiter d’un peu de soleil. Après avoir fait le tour de l’île Mauguen, nous nous arrêtons quelques minutes pour admirer les lumières du soir. Il est 16h30, il n’y a pas un bruit.
Jeudi 28 Avril 2022
Le vent du continent souffle en rafales irrégulières sur la banquise. Plus loin, des fumerolles de neige fraîche se détachent du sommet des icebergs. De confortables appartements y seraient-ils cachés, seulement trahis par la fumée blanche qui s’élèvent au-dessus de leurs toits ?
Au-dessus de nos têtes, une épaisse strate de nuages bas tamise la lumière grise de l’hiver polaire. Cette ambiance froide renforce les contrastes et avive le bleu des séracs qui bordent le glacier de l’Astrolabe.
Les icebergs sont à portée de main, à quelques centaines de mètres vers l’Est. Cependant, une rivière barre le passage. Avec une largeur d’environ 2 mètres, la bande de glace transparente ne dépasse pas 10 centimètres d’épaisseur. Il est important de mémoriser son emplacement car il devrait peu évoluer au cours des mois prochains et la rivière sera régulièrement masquée par la neige soufflée par le catabatique. Entre les îles Bernard et Lamarck, la fracture est balisée par un alignement de hummocks plus facilement discernable. La marée, le vent et la houle ont fait travailler les deux grandes plaques de glace l’une contre l’autre, surélevant ainsi ces blocs de glace aux allures de chevaux-de-frise.
Samedi 30 Avril 2022
Un haut mur de neige a déboulé depuis le continent sur la station cet après-midi. Seules quelques franges de poudreuse dépassaient de l’horizon à la mi-journée, annonçant ainsi cette visite. En une vingtaine de minutes, le mur a avancé depuis le glacier jusqu’à la station. Les rafales sont passées de 40 à plus de 110 km/h et la visibilité s’est réduite à une centaine de mètres.
Avec Manu, nous avions bien décelé ce risque catabatique grâce à une situation météorologique assez claire à grande échelle. Mais même anticipée, la soudaineté de ces changements de temps reste impressionnante. Après avoir lancé un avertissement général sur le canal radio, je suis resté posté à la fenêtre dans le couloir du BT pour savourer surveiller l’avancée rapide du mur…
Dimanche 1er Mai 2022
La tempête catabatique Laurent a soufflé la poudreuse au loin et n’a laissé qu’une fragile croûte de neige en surface. La progression sur la banquise est ainsi moins aisée qu’en début de semaine, surtout pour les ornithos qui doivent tirer une pulka remplie de matériel. Le vent a aussi amassé des congères de meringue friable au débouché du couloir entre les îles Mauguen et Rostand, le passage des martyrs. Cette petite zone de dunes sculptées par le catabatique a des airs de Sahara miniature.
Si des météos trainent dans les parages, ils peuvent cliquer sur « la situation météo » pour voir quelques analyses modèle de la situation à catabatique. Les indicateurs synoptiques sont là : dorsale au nord-ouest et bas géopotentiel à l’Est pour aspirer le flux sur DDU, anticyclone thermique et réserve d’air froid sur Condordia, forte inversion (non montrée). Le champ de vent simulé par le CEP est impressionnant de justesse quand même !
Avec Windy ça change la vie ! C’est là qu’on voit le progrès en l’espace de 20 ans et c’est tant mieux quand on voit l’importance de la prévision d’un Cata pour les manips
Hello Manu, on utilise surtout Synopsis cette année car le système nomade semble désormais assez robuste, après quelques difficultés au cours des hivernages précédents. Mais le CEP reste assez impressionnant de justesse dans pas mal de situations. On arrive plutôt pas mal à l’améliorer sur les situations border-line rentrera-rentrera pas, c’est vraiment intéressant.
Tout est si beau… !! Vous voilà bien parti (e – s), toutes et tous pour profiter de ce lieu magique !!