On a marché sur la banquise

Panorama depuis le sommet du Cervin (Cliquer-glisser la limite pour afficher la légende)

Mardi 12 Avril 2022

Devant l’abri côtier, une longue bande de banquise d’un blanc immaculé a recouvert le Chenal du Lion. La glace reste barrée par de longues fissures, qui n’inspirent qu’une confiance relative en sa solidité… A l’embouchure du Chenal, la baie des Épaves se fige tous les jours un peu plus. Le vent de Sud est resté léger aujourd’hui, rendant la balade agréable malgré les -15°C affichés par le thermomètre. Devant le quai, un nouveau train de houle venu du large fait encore osciller la banquise. Les grincements que celle-ci produit en se déformant sous l’effet du ressac évoquent le champ de mystérieux cétacés…

Le chant de la banquise

Vendredi 15 Avril 2022

Les manchots chantent, la caravane passe

Entre le Nunatak et la baie des Empereurs, les manchots ont déjà pris soin de baliser le trajet vers la mer libre de fientes vertes. A cause de l’instabilité de la banquise, les grands oiseaux ont choisi de dresser leur campement au sommet du Nunatak, au vent des affleurements rocheux. Ce choix est assez habituel en début de saison. Ils devraient bientôt redescendre un peu plus bas, probablement derrière l’île Rostand. Je m’attendais à retrouver la cacophonie de l’île des Pétrels en été, quand elle héberge les nombreuses colonies de manchots Adélie. Mais l’ambiance générale de la manchotière est étonnamment calme. Seuls quelques chants de femelle résonnent régulièrement dans l’air glacé de l’Antarctique. Le chant des mâles, moins saccadés, me semblent moins fréquents. Quelques couples déjà formés ne se lâchent pas d’une semelle. Ils restent collés l’un à l’autre en périphérie de la foule, parfois allongés sur la glace pour se reposer. A quelques centaines de mètres vers le Sud, de grands gendarmes de glace se découpent contre le ciel blanchi par les cirrus.

Une fois la petite station météo et les caméras d’observations installées et adéquatement lestées, notre petite caravane fait demi-tour pour regagner l’île des Pétrels. Quel plaisir de se dégourdir les jambes sur un terrain plat ! Mais aussi de découvrir de nouvelles perspectives sur ce paysage, qui nous est désormais bien familier. Seules les sorties à but scientifique sont autorisées pour l’instant, la traversée du Pré n’étant possible que sur la bande de glace fréquemment sondée. A ce propos, Jimmy a réussi à baguer 5 poussins Pétrels géants un peu plus tôt dans la semaine.

Samedi 16 Avril 2022

Le vent de Sud-Est est tout juste modéré aujourd’hui. Comme la veille, les conditions plutôt agréables permettent d’organiser une petite balade sur le Pré. C’est l’occasion de faire prendre l’air au cerf-volant souple que j’avais amené dans l’une de mes malles. Après quelques minutes de démêlage, le petit engin jaune et bleu s’élève dans les airs sans difficultés. Absorbés par le pilotage de l’engin, nous ne remarquons pas tout de suite l’arrivée d’un trio d’Empereurs, qui se rapproche rapidement en « ventriglisse« . Leur efficacité de déplacement dans cette position ferait bon nombre d’envieux parmi les habitués de la 3ème mi-temps

Pas effarouché par le vol du mini-parapente, le leader bifurque franchement dans notre direction, entamant un détour d’une cinquantaine de mètres. Le moment est surréaliste quand les trois Empereurs passent en glissant à moins d’un mètre, sous les lignes du cerf-volant encore en vol. Je n’ai pas le temps d’ajuster le réglage de l’auto-focus et tente néanmoins quelques clichés, agenouillé devant mon sac photo. Sans ralentir et une fois leur curiosité satisfaite, ces messieurs-dames s’éloignent prestement en direction de l’entrée du Chenal Buffon.

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