19 Février 2022
Je referme le bouquin qui m’accompagne depuis quelques semaines et le pose sur le rocher. Quel calme ! Le ciel est d’un bleu pâle, frais, à peine dilué par quelques nuages d’altitude à l’horizon. Fait rare, l’atmosphère est immobile aujourd’hui. Bien qu’il soit encore tôt dans l’après-midi, les ombres s’allongent sous les rayons du soleil, couchés par l’hiver approchant. Depuis quelques jours, les rangs des manchotières de l’île des Pétrels commencent sérieusement à se clairsemer. Ainsi, malgré quelques cancanements de manchots au loin, le niveau sonore général a largement baissé. Le bateau a annoncé son départ d’Hobart aujourd’hui, commençant ainsi son dernier voyage aller de la saison.
[Plus tard]
Il fait froid sur la passerelle qui descend à l’abri côtier, particulièrement dans le petit col entre le Mont Caroline et le Mont Joli où le vent accélère. Sous les dernières lueurs du couchant, le chenal Buffon prend des teintes oniriques. D’un côté, le bleu électrique dans les creux des icebergs, de l’autre, les teintes roses à la surface de l’océan. Pas de traces du prédateur tacheté ce soir, il rôde pourtant dans les parages.
22 Février 2022
Perché sur un rocher au-dessus du Cap des Éléphants, le Skua juvénile surveille les environs. Le vent ébouriffe son plumage charbonneux, plus sombre que celui de ses parents. Comme tous les oiseaux venus nicher pendant la belle saison dans l’archipel de Pte Géologie, il ne lui a fallu que quelques semaines pour passer de l’état de petite boule duveteuse à celle d’un jeune de belle taille. D’un coup d’aile, il s’envole puis s’éloigne vers l’îlot du Marégraphe.
Plus bas sur le littoral, à quelques mètres du hangar bleu, un petit phoque de Wedell fait la sieste. Seule sa narine gauche s’ouvre et se ferme régulièrement, au rythme de sa respiration. En fond sonore, le ressac heurte les berges englacées de la baie du Pré. Balloté par les vagues, un petit berg grince en glissant contre la « banquette« . Le dormeur n’a pas l’air de s’en émouvoir.
23 Février 2022
Dehors, après des mois de brouhaha aviaire, de bruyantes retrouvailles après la pêche, de querelles de voisinage, règne un silence incongru. Le vent chuinte à peine en tentant de s’infiltrer dans les interstices du bâtiment 42. Les quelques manchots qui ne se sont pas encore décidés à lever le camp restent muets. Certains sont des adultes venus effectuer leur mue sur la terre ferme, d’autres des jeunes de l’année qui ne se sont pas encore jetés dans le grand bain. Les derniers nés, les plus chétifs, sont encore partiellement couverts de duvet. Ils doivent rester vigilants. À mesure que leurs congénères quittent l’île, ils deviennent de plus en plus isolés. Profitant de la situation, les skuas tendent ainsi leurs dernières embuscades. Eux aussi entameront bientôt le voyage de retour vers leurs lointains quartiers d’hiver, le Japon ou l’Indonésie.
Comment ne pas avoir la tête dans les nuages… !!! C’est beau !
Est ce que tu le vois hors de l’eau des fois le léopard?
Il a été vu sur un des petits icebergs du Chenal, mais je n’ai pas eu le temps d’aller le voir… Quand je suis descendu au bord de mer, il ne restait plus que des énormes étrons ^^
Merci Adrien pour ces partages plaisir
À très bientôt
Les images comme le texte nous invitent toujours à voyager! Merciiiii!